Si chaque année un film de genre sud-coréen se fraie un chemin en séance de minuit à Cannes, il faut remonter à 2016 et la sortie de Dernier train pour Busan pour trouver un représentant convaincant de cette tradition festivalière. Après la découverte de l’exécrable Project Silence, on est en droit de se demander si ces films, qui tombent dans les oubliettes aussitôt le festival terminé, seraient encore sélectionnés s’ils n’étaient pas originaires de la péninsule. Un certain exotisme semble motiver les choix du festival : sa nationalité mise à part, Project Silence ressemble, comme Sleep présenté à la Semaine de la critique, à un direct-to-video trouvé dans un fond de tiroir.
Suite à un carambolage dû à un épais brouillard, des personnages aux profils variés se retrouvent bloqués sur un pont. Près de l’accident, un fourgon de l’armée, rempli de chiens méchants entraînés à tuer des cibles sur commande, est ouvert par un soldat. S’amorce alors un programme routinier, reposant sur de grosses ficelles scénaristiques : un bug soudain empêche les militaires de reprendre le contrôle de leurs chiens, une flaque d’essence prend feu pour contraindre les personnages à rester sur les lieux, etc. Pas la peine de chercher, dans cette série B en pilotage automatique, la moindre singularité de mise en scène : le brouillard, loin du Fog de Carpenter, ne vise qu’à circonscrire un huis-clos dans lequel la caméra reste collée aux basques des survivants. Quant aux canidés numériques du film, ils sont relégués à l’arrière-plan au profit des humains, tous plus bavards et inintéressants les uns que les autres.