Anne-Marie (Dominique Blanc) laisse Alex pour vivre sa vie, mais dès que ce dernier trouve une nouvelle compagne, sa nouvelle vie commence à sombrer à cause des pulsions assassines provoquées par sa jalousie envers la rivale. L’histoire n’est pas spécialement exaltante, mais la manière est là pour faire de L’Autre un film très intrigant. Tout d’abord parce qu’il est construit sur la présence d’une actrice qui maîtrise désormais depuis longtemps l’art de la juste mesure. Son personnage aurait pu être complètement surjoué, alors qu’elle le voile d’une folie sous-jacente particulièrement inquiétante connaissant même des moments de fine douceur.
Ce penchant est secondé par une mise en scène très visuelle qui s’appuie sur la grisaille des périphériques franciliens et de l’architecture moderne qui les entoure. Ces univers qui isolent les personnages dans leur monde et les rends presque autistes. La solitude des centres commerciaux où l’on se retrouve comme si c’était une ville fantôme coupée de l’évolution spatio-temporelle du monde extérieur. Ces RER que l’on prend après avoir subi les tracas d’une longue journée de travail, enfermés dans des gratte-ciels anonymes où l’on fait sa pause cigarette à côté des gigantesques néons publicitaires sur les toitures. Tout cela fait écho au vide que retrouve Anne-Marie quand elle rentre seule dans son appartement avec pour unique compagnie les bips des électroménagers et autres moyens de communication hi-tec. Est-ce la nouvelle copine d’Alex ou bien la nature de cette vie qui met Anne-Marie dans un tel délire à la fois identitaire et dépressif ? La réponse va de soi, tout comme la sensation d’étrangeté qui rejoint le spectateur au cours de quelques instants très réussis dans ce film froidement captivant.