À Mato Grosso do Sol, au Brésil, après le suicide de deux d’entre eux, une tribu indienne quitte la forêt dans laquelle elle est cantonnée : elle veut récupérer ce qu’elle considère être ses terres et qui appartiennent à un riche exploitant blanc. L’affrontement entre les deux clans n’est pas au centre du film. Les rencontres entre eux sont assez rares, peu de temps est consacré aux propriétaires. Lorsqu’on pénètre dans leur riche demeure, quelques plans suffisent à rendre compte de leur cruauté glaciale, de leur ennui. La rareté des scènes réunissant Indiens et Blancs et la prépondérance des silences permet au film d’échapper à la lourdeur d’un manichéisme que fait pressentir la trame. Cette dernière intéresse bien moins Bechis que les Indiens, qu’il approche de façon très documentaire. Également producteur, il a passé beaucoup de temps avec eux, à les observer, les filmer, leur faire comprendre ce qu’est le cinéma. Réécrit au jour le jour au fil du tournage, le récit s’est simplifié, à la trame initiale s’est substitué un parcours curieux du regard sur les visages et les gestes des Indiens. Si l’on sent la passion du réalisateur pour ceux qu’il filme et son respect à leur égard, Birdwatchers se dilate trop dans cette lente contemplation : un nœud dramatique plus resserré aurait sans doute donné plus d’ampleur aux Indiens, en nous permettant de rester attentif à ce qui leur arrive et ce qu’ils sont.