Georges Clou (Sergi Lopez), un riche industriel, vit avec sa femme (Nathalie Richard) et son fils dans une luxueuse demeure à Parc, près de Nice. Le fils, en échec scolaire, n’arrive pas à quitter son lit tant il est triste ; le père, sous alcool et médicaments, l’invite à suivre la ligne droite ; la mère observe, sans jamais afficher d’émotions. Paul Marteau (Jean-Marc Barr) emménage dans la maison voisine. En voix-off, il raconte ses souffrances psychiques, et comment il a décidé de mettre à exécution le plan de sa mère folle (Geraldine Chaplin, glaçante) : crucifier ses voisins, pour que quelque chose advienne. Parc est un film opaque : Arnaud des Pallières a souhaité pour la première fois faire une adaptation (de Bullet Park de John Cheever), pour se concentrer sur des questions de mise en scène. Le travail sur l’image et le son est en effet riche, et désorientant. Les (très) gros plans sont nombreux, les visages, privés de contexte et impassibles, rendent fuyant le sens qu’on cherche à leur donner. Refusant le champ contrechamp, le cinéaste se concentre sur le visage de celui qui parle, récite un monologue, prisonnier du cadre autant qu’il étouffe de solitude. La caméra glisse aussi lentement autour des êtres, en apesanteur, décrit leur détresse qu’une bande son angoissante rend d’autant plus prégnante. Les repères sont sans cesse mis à mal par ces choix radicaux et la froideur des personnages qui les laisse à distance. Si l’on peut être agacé de ne pas tellement comprendre où Des Pallières veut en venir, on peut aussi se laisser aller à la contemplation de ces spectres, qui à défaut de susciter de l’empathie captivent par leur glaçante inhumanité.