L’ultime volet de la trilogie de Park Chan-wook sort ces jours-ci chez HK Vidéo dans une édition DVD prestigieuse, autant dans sa forme que son contenu. Revue en détail des réjouissances.
Park Chan-wook est un réalisateur qui s’investit beaucoup dans les éditions DVD de ses films, comme en témoigne à nouveau l’édition de Lady Vengeance, après celles de Sympathy for Mr Vengeance et Old Boy. Le réalisateur y dévoile volontiers ses intentions, assurant ainsi aux spectateurs une meilleure lecture, car plus riche, de ses films.
Le coffret que vient de sortir HK Vidéo est composé de trois disques et d’un livret de 20 pages, comprenant un portrait du cinéaste, ainsi que sa note d’intention dans laquelle il évoque les motivations qui l’ont guidé dans le choix des sujets de ses films.
On trouve sur le premier disque le film dans sa version découverte en salle, accompagné de deux commentaires audio de Park Chan-wook, l’un enregistré avec l’actrice qui tient le rôle-titre, Lee Young-ae, l’autre avec l’équipe du film.
Le second disque renferme également le film, mais cette fois dans sa « version réalisateur ». Il s’agit en fait plan pour plan du même montage que la version cinéma, la seule différence étant le passage progressif de la couleur au noir et blanc dans la dernière partie du film. Park avait cette idée en tête depuis longtemps, et avait vu dans Lady Vengeance l’occasion de l’exploiter, en ce qu’elle lui permettait d’exprimer visuellement la rédemption de son héroïne. Abandonnée en cours de route, l’idée refit surface lors de l’élaboration du DVD. À la vision de cette version, on constate que beaucoup plus qu’un simple gimmick formel, le film y gagne en puissance et en émotion.
Les suppléments sont regroupés sur un troisième disque. Outre un making-of (peu instructif) d’une dizaine de minutes, on y trouve des interviews des acteurs du film, parmi lesquels Lee Young-ae et Choi Min-sik. Si la première est une nouvelle venue dans l’univers de Park Chan-wook, et avoue ici son hésitation avant d’avoir accepté le rôle de Lee Geum-ja, c’est en revanche avec plaisir qu’on retrouve l’ex-Old Boy Choi Min-sik, dans un rôle à contre-emploi, celui du pathétique psychopathe Mr Baek, objet de la vengeance de Geum-ja. Au-delà de cette figure familière, c’est la plupart des acteurs des deux précédents films de la trilogie qui sont ici conviés, la plupart pour des cameos plus ou moins anecdotiques (l’acteur principal de Sympathy for Mr Vengeance et énorme star dans son pays, Song Kang-ho, y apparaît brièvement, juste le temps de se faire éclater la cervelle). Suivent cinq modules consacrés respectivement à la conception visuelle, aux décors, aux costumes et aux maquillages, aux effets visuels, et aux effets numériques.
Les scènes alternatives sont au nombre de sept, avec commentaires audio optionnels de Park Chan-wook et son actrice. Elles permettent de mieux apprécier les choix de mise en scène et de montage. Comme pour Old Boy, une même scène a pu être tournée de deux manières différentes, et un montage saccadé peut être remplacé lors du montage par un plan séquence, le réalisateur se laissant le choix jusqu’au dernier moment.
Pour finir, un petit sujet tourné pendant le Festival de Venise, d’où le film, rebaptisé Lady Vendetta, repartit bredouille, malgré l’excellent accueil critique qui lui fut réservé.
Les bandes-annonces françaises et coréennes, ainsi que des autres films du catalogue HK Video, et une galerie photo viennent compléter le tout. Ultime bonus, une galerie d’affiches internationales, souvent kitsch, magnifiques, qui tranchent avec la sobriété et le manque d’audace de l’affiche française, et dont certaines sont reprises dans le livret de 20 pages contenu dans le coffret, mais surtout dont l’esprit a servi de base à l’élaboration graphique de celui-ci, en faisant un objet précieux, tant par son contenu que par sa forme.
Une édition-somme, qui fait le tour complet de ce qu’on est en mesure d’attendre d’un DVD. Un seul regret : contrairement à l’édition collector d’Old Boy, le CD de la magnifique bande originale du film, fortement inspirée de Vivaldi, n’y figure pas. C’est d’autant plus regrettable que le disque est à ce jour toujours inédit en France.