Old Boy est, après Sympathy for Mister Vengeance, et avant Sympathy for Lady Vengeance, le deuxième film de la trilogie de Park Chan-wook consacrée à la vengeance.
Old Boy raconte l’histoire de Oh Dae-su, un jeune homme qui, un soir de beuverie, est enlevé, puis séquestré pendant quinze ans, sans savoir par qui ni pourquoi. Si le film répond assez vite à la première question (un certain Woo-jin, jeune millionnaire charismatique, se dévoile rapidement au grand jour), c’est pour mieux lui substituer la seconde, ce qui amènera Oh Dae-su, à sa sortie de prison, à réévaluer sa vie. En compagnie de Mido, une jeune femme dont il est tombé amoureux, il va tout mettre en œuvre pour élucider les raisons de son enlèvement.
Relations incestueuses, violence graphique, mélancolie et humour viennent émailler cette histoire de vengeance, où celui qui cherche à se venger n’est pas forcément celui que l’on croit.
Le film a fait parler de lui l’an dernier au festival de Cannes 2004, où après avoir divisé, ce qui est généralement la marque des grands films, il est reparti avec le Grand Prix du Jury, décerné par l’enthousiaste Quentin Tarantino, qui lui-même dix ans auparavant avait créé la polémique en repartant avec une Palme d’Or pour Pulp Fiction.
Chacun se tournera donc, selon sa propre appréciation du film, sur une des trois éditions (simple, double, ou triple) qui sont arrivées dans les bacs le printemps dernier.
DISQUE 1 (Édition simple)
On trouve sur le premier disque le film au format cinémascope respecté, avec une bande-son Dolby Digital 5.1. Si la qualité de l’image n’est hélas pas parfaite, cette édition fait en revanche honneur à l’excellente bande-son du film. Un regret cependant : la piste DTS n’est disponible que pour la version française.
Bonus : commentaire audio du réalisateur, filmographies, ainsi que les dernières bandes-annonces des éditions Wild Side.
Le commentaire audio de Park Chan-wook traduit sa cinéphilie, ainsi que sa démarche qui consiste à ne jamais imposer catégoriquement un message, mais au contraire permettre des niveaux de lecture multiples, qui sont autant de pistes que le spectateur, selon sa propre sensibilité, décidera d’emprunter. Pour exemple, lors de la scène finale avec l’hypnotiseuse, le personnage de Dae-su a les cheveux blancs. Est-ce parce que le temps a passé, ou est-ce à la suite du choc émotionnel qu’il a vécu ? Park Chan-wook soulève ces questions sans jamais y répondre. Au spectateur de trouver ses propres conclusions. Quoi qu’il en soit, cela confère à la scène un côté irréel, hors temps, onirique.
DISQUE 2 (Édition double)
De nombreux suppléments viennent compléter la vision du film :
- Un MAKING OF chapitré de 73 minutes qui revient notamment sur le casting et les séances de lecture avec les comédiens.
- Neuf SCÈNES COUPÉES commentées par le réalisateur, d’une durée totale de 26 minutes.
Il s’agit le plus souvent de scènes plus longues que dans la version définitive.
La scène du combat dans la prison où Dae-su se bat contre une vingtaine de malfrats, le tout avec un couteau planté dans le dos, n’était pas à l’origine le plan-séquence que l’on connaît, mais un montage serré avec une deuxième caméra.
On découvre qu’une scène de baiser entre Dae-su et Mido, la jeune femme dont il s’éprend, a été tournée, au cas où la scène de sexe qui les unit aurait été censurée, ce qui n’a finalement pas été le cas. En revanche, cette scène du baiser la remplacera pour la future diffusion télévisée du film en Corée.
Il n’y a qu’une scène que Park Chan-wook semble regretter d’avoir dû abandonner (dans un souci de rythme), c’est celle où Woo-jin répète de façon mystérieuse des répliques incohérentes devant son miroir, répliques que nous le verrons ultérieurement asséner à Dae-su dans la scène finale du penthouse, montrant que ce personnage avait préparé méticuleusement tout ce qui allait arriver au héros.
- AUTOUR DU FILM : Quatre reportages d’une durée totale de 46 minutes sur les effets spéciaux, les décors, le Grand Prix obtenu à Cannes, et la musique du film.
Le reportage de 17 minutes sur la musique est passionnant. Park Chan-wook, en compagnie de Cho Young-wuk, le directeur de la musique, commente les choix opérés lors de la préparation du film. C’est une véritable leçon de cinéma qui nous est ici donnée.
Les deux hommes reviennent sur le choix de la valse comme leitmotiv, qui, en plus d’insuffler un rythme dynamique au film tout en exprimant la tristesse des personnages, donne également l’impression qu’on retourne dans le passé, dans lequel la vengeance de Woo-jin trouve sa source.
On apprend également que la musique de Vivaldi utilisée en accompagnement d’une scène de torture a été choisie afin de créer un décalage, et ainsi d’aider les spectateurs à supporter la violence de cette scène.
Pour finir, Park Chan-wook évoque l’atmosphère mythologique que contribuent à créer les thèmes composés pour le film, qui permettent de faire passer l’amoralité de l’histoire racontée à un second plan.
- INTERVIEWS : en 41 minutes, une dizaine d’interviews, notamment de Tsuchiya Garon, l’auteur du manga dont est inspiré le film, qui donne son sentiment sur le film.
- Les BANDES-ANNONCES française et coréennes du film, ainsi qu’une GALERIE PHOTO viennent compléter ces bonus.
DISQUE 3 (Édition triple)
L’édition collector contient un bonus de choix, un documentaire intitulé JOURNAL DE BORD DU TOURNAGE, d’une durée totale de 210 minutes, qui revient sur les quatre mois qu’a duré le tournage.
Mais cette édition triple vaut surtout pour la présence du CD de la bande originale du film. Les titres des 24 morceaux témoignent de la cinéphilie de Park Chan-wook. En effet, tous les titres portent le nom d’un film, comme Frantic ou Cul-de-sac, deux films de Polanski, dont le cinéaste coréen est un grand admirateur. Rappelons que cette bande-originale reste introuvable en France à l’unité et n’est disponible que dans cette édition triple du DVD. Elle en justifie quasiment à elle seule l’achat.