Opening propose une édition double DVD du film culte de Brian De Palma. Un collector avant tout réservé aux fans.
Quand Phantom of the Paradise sort sur les écrans en 1974, Brian De Palma n’est alors qu’un tout jeune réalisateur, qui a entre autres à son actif les films Hi Mom ! et Sœurs de sang. Il s’attaque alors à une variation du Fantôme de l’opéra, et en transpose l’action dans le milieu rock’n’roll des années 1970. Le film emprunte également à d’autres classiques de la littérature tels que Le Portrait de Dorian Gray, Faust ou encore Frankenstein. Voilà pour les références littéraires. De Palma rend également hommage à Welles (pour la scène de la bombe dans la voiture, qui fait écho au plan-séquence qui ouvre La Soif du Mal) et Hitchcock (la scène de la douche dans Psychose). Il convient d’ajouter les références issues du monde du rock : par bien des côtés, le personnage de Swan rappelle le producteur tyrannique Phil Spector, les musiques s’inspirent des Beach Boys ou du Glam Rock tel que Bowie le pratiquait à l’époque, les hommes de main bikers qui entourent Swan rappellent les tristes et violents épisodes qu’ont connus les Stones ou Led Zeppelin en tournée. Film rock par excellence, Phantom of the Paradise a cependant aussi influencé en retour des musiciens, tels que les membres du groupe KISS par exemple, qui ont repris par la suite les maquillages noir et blanc du groupe des Undead que l’on voit dans le film.
À ce jour unique dans l’œuvre de De Palma car restant sa seule incursion dans le registre de la comédie musicale, le film n’en contient pas moins pour autant les tics de réalisation et autres thèmes si chers au cinéaste, qui deviendront par la suite sa marque de fabrique : split-screens, travellings circulaires, plans-séquence en caméra subjective, thèmes du voyeurisme et du double, tout ce qui fait la De Palma’s touch est déjà là.
Revoir aujourd’hui Phantom of the Paradise, c’est mesurer toutes les rides qu’il a pris. Si la musique est restée brillante (elle est l’œuvre de Paul Williams, qui incarne Swan − on peut d’ailleurs regretter que les sous-titres français ne traduisent pas les paroles des chansons, tant celles-ci font partie intégrante de l’intrigue du film, comme dans toute bonne comédie musicale qui se respecte), le film a tout de même pris un sacré coup de vieux. Il est cependant proposé ici dans une copie très correcte, notamment dans ses spécificités audio, avec des pistes VF et VO en 5.1 Dolby Digital et DTS.
Soyons clairs : si Phantom of the Paradise n’a rien d’un chef-d’œuvre, en revanche il a tout du film culte. Le film n’a pas rencontré un grand succès lors de sa sortie, mais il s’est constitué depuis une trentaine d’années un noyau dur de fans hardcore, et c’est à eux que s’adresse avant tout cette édition DVD, comme en témoignent les nombreux suppléments du deuxième disque.
À qui d’autre en effet sinon aux fans pourrait s’adresser cette « publicité » mettant en scène William Finley (qui joue le rôle de Winslow Leach, le jeune compositeur qui après s’être fait dépossédé de sa musique, va devenir le fantôme) vendant une poupée parlante à son effigie, pour la modique somme de 300 euros ? Ou encore cette présentation du film par Gerrit Graham (qui joue quant à lui le rôle de la rock star Beef), ou cette interview de Rosanna Norton (la costumière du film)?
Outre ces bonus « for fans only », il faut tout de même mentionner la présence d’un excellent documentaire réalisé spécialement pour cette édition, Paradise Regained, qui en 50 minutes et grâce aux interventions enthousiastes des principaux intéressés (De Palma en personne, le producteur Ed Pressman, et bien sûr Paul Williams), resitue le film dans son époque, en revenant sur sa genèse et les difficultés rencontrées lors de son tournage.
Un dernier supplément, le clip de Bob Sinclar I Feel for You, sorte de petit remake du film, s’il n’est pas d’une grande qualité artistique en soi et n’a a priori pas grand chose à faire là, témoigne cependant de l’intérêt que continue à susciter Phantom of the Paradise auprès des nouvelles générations.