C’était avec ce documentaire que s’était ouverte la Quinzaine des Réalisateurs. Petitement. Les deux réalisateurs suivent la trajectoire, de la notoriété locale aux sunlights européens, du « Staff Benda Bilili », groupe musical congolais composé de handicapés moteurs et d’un gamin jouant de sa guitare artisanale fait d’une corde et d’une boîte de conserve. L’ambiance est plutôt à l’optimisme (le groupe est apparu dans la salle avant le film, donc on connaît la fin), c’est pourtant avec tristesse qu’on retrouve le tout-venant du reportage télé compassionnel se satisfaisant, en guise de regard sur le monde, des lieux communs propres à rendre sa success-story vaguement trépidante. De ces musiciens luttant pour la survie et la gloire, on ne verra que les stéréotypes tirés du journal de 20h sur les Africains rêvant d’Europe, prompts à la débrouille et à la vantardise tout en gardant le sens de la famille et, bien sûr, le rythme dans la peau. Les individualités des musiciens au-delà du dénominateur commun du cliché, les sources de leur musique, la République Démocratique du Congo d’aujourd’hui… : aucun sujet de fond n’a sa place dans cet énième exercice de condescendance du Nord au Sud, qui démange d’autant plus aux entournures quand il prend soin de nous rappeler que tout en faisant ce film, les réalisateurs ont aidé au succès international du groupe.