Alors que les Shrek et autres Cendrillon et le prince (pas trop) charmant piétinent avec plus ou moins de talent les archétypes de la vision rose-bonbon des productions de l’oncle Walt, Disney revient avec un film-de-noël au scénario creux, au visuel plat, et aux acteurs énervants à force de cabotinage. À peine digne d’un après-midi chocolat chaud/Disney Channel.
Giselle, jolie demoiselle un peu cruche d’un royaume de dessin animé, attend avec ses amis les animaux qui chantent la venue du prince charmant. Et comme il sied dans ces histoires, le prince en question – Edward – rencontre la demoiselle en revenant d’une chasse au troll, et décide incontinent de l’épouser. Problème : la vilaine reine Narissa, mère de l’intéressé, craint pour son trône, et décide que ce mariage n’aura pas lieu. Pour ce faire, elle précipite la jolie Giselle dans un puits magique qui l’envoie directement dans le monde de la réalité où, nous assure la reine d’une voix grinçante, « on ne finit jamais par vivre heureux avec beaucoup d’enfants ». Mais c’est sans compter avec l’intervention du fringant Robert, avocat matrimonial de son état, et papa célibataire d’une mignonne petite fille…
Un « Amour de Conte de Fée » (où l’on chante et on danse pour faire bonne mesure) peut-il survivre dans notre monde, et particulièrement à New York, nouvelle Babylone bien connue pour écraser sous son talon de béton les plus beaux rêves ? Terry Gilliam, avec Fisher King, avait répondu déjà, à sa façon douce-amère, dans ce qui était peut-être son film le plus lyrique. Il était une fois ne joue pas vraiment dans le même registre : entre gags slapstick moyennement drôles, numéro musicaux et morale familiale hautement prévisible, le film s’avère être l’héritier (plus friqué, certes) des productions télé lénifiantes qui ont bercé les dimanche après-midi pluvieux des ados des années 1980. Car le film se refuse à chaque instant à se laisser aller à rire de soi, et choisit de jouer à fond la carte de la mièvrerie, y compris dans une mise en scène très posée, inexistante.
Sous couvert de jouer à fond la carte d’un kitsch enfantin supposément porté par son actrice principale (Amy Adams, énervante de cabotinage non maîtrisé), Il était une fois est aussi un retour à certaines valeurs fondamentales passablement nauséabondes. Se voulant avant tout une apologie du mariage d’amour, le film accumule les poncifs. Le malaise est surtout dû à une écriture des personnages passablement bâclée, qui ne laisse aucune place à légitimer les revirements de situation et leurs changements moraux : on a besoin ici, d’archétypes et non de personnages. Giselle, Edward, Narissa, Robert : aucun d’entre eux n’aura véritablement l’occasion de voir se développer réellement son caractère, ses motivations. C’est ainsi que de cruche obsédée par le mariage, Giselle devient un peu plus réfléchie… mais jamais suffisamment pour prétendre à autre chose que le rôle de potiche dans une romance kitsch, qui finira par devenir couturière, parce qu’il faut bien respecter les poncifs. Tous les personnages sont ainsi sacrifiés à leur côté caricatural, sans que le film ne parvienne jamais réellement à utiliser cela pour une vision un peu plus burlesque de son sujet.
C’est le désagréable sentiment qui saisit à la vision d’Il était une fois : nous voilà revenu au temps des contes enfantins qui prédisposent nos chères têtes blondes à se couler dans les moules sociaux archaïsants. Sorte de retour en arrière pour une production Disney, le film n’affiche aucune ambition autre que celle de divertir, passant tout à la trappe, y compris un scénario travaillé et une mise en scène autre que simplement fonctionnelle. C’est probablement suffisant pour un Disney-de-Noël, mais c’est bien dommage de ne pouvoir attendre plus.