Cette année, l’accès aux projections presse est si difficile que lorsque l’on parvient à entrer, l’envie d’aimer le film s’en trouve décuplée. Mais avec The Sea of Trees, ce désir d’aimer et de retrouver l’auteur d’Elephant s’essoufflent vite. On entend depuis sa présentation tellement de mal du film de Gus Van Sant que l’on n’a pas spécialement envie de tirer sur l’ambulance. Mais soyons pro, faisons le job.
Le ratage est confondant à propos de l’histoire d’Arthur Brennan (Matthew McConaughey), un quadra quittant le monde des vivants – on en est bien certain avec ce plan appuyant le fait qu’il laisse les clefs de contact sur son auto ; et tout sera sur ce mode d’une réalisation à la main particulièrement lourde. Direction donc le Japon, la forêt où l’on vient en finir, où gisent les vestiges des effets des suicidés, et pullulent les esprits. Il y rencontre Takumi Nakamura, en mode cadre japonais au-delà du burn out, ce dernier est mal en point ; Arthur le prend sous son aile, ils font route ensemble dans des sentiers pas très bien balisés – que fait la garde forestière? Et bientôt l’errance initiatique de ce rationnel dans un lieu peuplé par les esprits alterne donc avec le gros paquet d’emmerdes – notamment son mariage – qui l’a mené là.
The Sea of Trees est un film hautement dysfonctionnel, qui parvient à peine à faire exister cette forêt comme personnage (et c’est bien embêtant), dont le double régime narratif ne crée pas la moindre étincelle et surtout pas celle du grand mélo vers lequel il semble tendre (on pense plutôt à la superposition de deux tranches de pain sec). Ce survival suicidaire résiliant (on aboutit finalement à une réinitiation à la vie, une renaissance, comme en témoigne la scène d’expulsion de la cavité) paraît avoir été adapté d’un ouvrage de la collection « Harlequin » s’ouvrant aux spiritualités new age.