Homecoming, le sous-titre de cette nouvelle mouture des aventures de l’homme-araignée (déjà la troisième version en quinze ans), évoque autant l’idée d’un retour qu’il ne formule la promesse d’une fête, le « homecoming » désignant une tradition américaine qui voit une école célébrer son anniversaire et accueillir ses anciens étudiants. Car revoilà Peter Parker au lycée : bien que déjà doté de ses pouvoirs (le film ne conte pas, à l’inverse des premiers Spider-Man de Raimi et Webb, l’histoire des origines du super-héros), Spider-Man n’a ici que quinze ans et jongle entre des premiers pas modestes sous son masque, son ambition de jouer dans la cour des grands (rejoindre les Avengers) et le train-train adolescent d’un bahut new-yorkais. L’intérêt principal du film tient à cette joie des premières fois qui teinte les débuts de Peter Parker – nulle trace ici d’un traumatisme ou d’un poids à porter (la mort d’Oncle Ben ou les fameuses « grandes responsabilités qu’impliquent de grands pouvoirs ») : l’adolescence, en dépit des problèmes sous-jacents qui la caractérisent (trouver sa place, trouver son rythme, apprendre à maîtriser son corps), est avant tout dépeinte comme un champ des possibles où l’excitation est de mise face aux défis qui se présentent.
Il faut probablement remonter à Ant-Man pour retrouver un film Marvel qui réussissait à faire entrer autre chose, une matière un peu exogène, dans le programme qui formate désormais chaque volet de la franchise au long cours : là où le film de Peyton Reed optait franchement pour la comédie et la légèreté du film de braquage, ce nouveau Spider-Man épouse quant à lui un versant de teen-movie comique plutôt rafraîchissant, qui ne vise ni à explorer la mutation du corps adolescent (comme dans le premier Spider-Man) ni les émois amoureux d’un justicier entravés par sa mission de justicier (comme le premier The Amazing Spider-Man, qui flirtait ouvertement avec la comédie romantique). Co-écrit par des scénaristes de comédie (dont John Francis Daley, plus connu pour avoir incarné le jeune héros de la série Freaks & Geeks), Homecoming lorgne plutôt du côté des films de bahut peuplés d’archétypes adolescents (l’acolyte geek, la marginale cynique, la brute arrogante, la jeune fille désirée et inaccessible), dépeints comme des figures aussi maladroites que touchantes par leur immaturité et leur innocence.
Crise de croissance
Si le film ne rivalise guère avec ceux de Raimi, il faut reconnaître que Homecoming trouve dans ce super-héros inexpérimenté et encore en rodage un supplément d’âme qui manque aux autres représentants de l’écurie Marvel. Dommage toutefois que le film, contrairement à ceux de la première trilogie, ne parvienne pas pleinement à panacher les genres : si le teen-movie est plutôt honnête, le film d’action, lui, est malheureusement raté, en témoigne la scène finale qui oppose Spider-Man au Vautour sur un avion invisible (très belle idée pas du tout exploitée : la surface de l’appareil est recouverte de capteurs qui reproduisent les lumières et reflets des buildings new-yorkais). Parfaitement illisible, l’affrontement confirme que Homecoming est plus adroit avec l’adolescent qu’avec le super-héros, et que la modeste réussite du film tient moins dans sa manière de prendre à bras-le-corps la figure déjà connue de Spider-Man qu’à la façon dont il insuffle avec habileté un peu de légèreté et d’humour dans l’univers trop souvent uniforme des films Marvel.