Créée par Stan Lee et publiée pour la première fois en 1963, l’aventure des X-Men est rapidement devenue un comic-book culte aux États-Unis. Les adaptations de Bryan Singer tenaient la route cinématographiquement. Le dernier volet de la trilogie, tourné par Brett Ratner, manque de fantaisie. Un film académique.
Troisième édition de X-Men. Un antidote permet aux mutants de perdre leurs pouvoirs et de s’intégrer à la communauté des humains (métaphore républicaine?). L’incompatibilité de Magneto (le mutant vénal) et du professeur X (le seul chauve de la bande) déclenche l’affrontement (final paraît-il). Parallèlement, Hugh Jackman alias Logan, pinces d’acier, rouflaquettes continentales est pris dans du Corneille, à savoir tuer la femme-Phénix qu’il aime (et sauver le monde) ou la sauter (et donner l’avantage à top Magneto). Heureusement, Logan a le sens du devoir et combat aux côtés des siens: on retrouve Tornade méchée-zélée, Angel aux belles ailes numériques et une tripotée de passe-murailles en cuir.
Le dernier volet de la trilogie, flanqué d’un découpage rigoureux et d’un scénario infaillible, respire la bonne volonté de l’élève sérieux. Cet aspect trop scolaire sape le supposé enthousiasme de ce cinéma dit « d’action ». Scènes de combats plan-plan noyées dans des effets spéciaux à gogo, mollesse des mutants en petite forme (et réticents à mourir pour des idées) et élans poétiques naïfs font la marque d’un petit film qui voit trop grand; car l’insoutenable de X-Men 3 réside surtout dans une cheap revendication métaphorique: la société représentée comme analogie de notre monde malade. En bon citoyen, Brett Ratner ne manque donc pas d’entretenir mollement la flamme du penser vaguement tolérant et gentiment moralisateur: le cinéaste étaye des (prétendues) métaphores enfonceuses de portes ouvertes (« il faut prendre conscience de ce que l’on est et l’accepter pour en tirer le meilleur »). Blockbuster idiot et inoffensif.