On l’a déjà dit : la finalité primordiale du plus grand festival du court métrage du monde est d’être la vitrine la plus exhaustive de la créativité cinématographique au format court. Le plus évident risque encouru est que sans un fil conducteur précis, un programme – une sélection de compétition, notamment – peut s’avérer un joyeux foutoir de formes, de thématiques, d’inspirations et de désirs de filmer, où on serait bien en peine de se livrer à l’exercice favori des commentateurs du festival de Cannes : y lire des thèmes communs qui habiteraient dans son ensemble le cinéma « du moment ».
Dans la pratique, résumer une sélection de Clermont-Ferrand à un gros amas disparate n’est pas si simple. On constate que chacune d’elles est susceptible d’être habitée par quelques tendances – telle que le poids d’une certaine école qui pèse toujours un peu sur la compétition française (sujets « obligés » comme l’immigration, les problèmes sexuels ou le poids de l’histoire ; traitements plus ou moins scolaires ; approche du cinéma de genre par dessous la jambe…). Et puis, dans le cas d’une compétition, s’il ne s’agit pas d’une tendance de sélection, cela peut fort bien être une tendance de distinction par le jury – comme cela a pu arriver pour la compétition « Labo ».
Par la suite, nous tâcherons, pour chaque programme traité, d’évoquer une sélection tout à fait subjective de films marquants que nous y avons vus, primés ou non, défendables ou non.
Compétition nationale
Ce qu’il restera de nous, de Vincent Macaigne
Grand Prix, Prix de la presse Télérama, mention spéciale du jury Jeunes
Comédien encore méconnu dont on peut admirer le talent cette semaine en salles dans le diptyque de Guillaume Brac Le Naufragé et Un monde sans femmes, Vincent Macaigne place sa première réalisation sous le signe des déceptions de l’existence, des sentiments rentrés et trop violemment sortis. Le résultat flirte volontiers avec la démonstration d’hystérie, mais n’est pas sans porter quelques fruits. Ce qu’il restera de nous s’ouvre sur un dialogue inégal, où un homme abreuve violemment son interlocuteur – et le spectateur – jusqu’à plus soif de discours nihilistes décousus et de considérations artistiques foutraques. La scène a l’air d’un sketch bruyant et à court terme, mais cache un paradoxe que la suite dévoile : les deux hommes sont frères et viennent de perdre leur père ; l’illuminé était le fils préféré et hérite de tout ; l’autre, travailleur consciencieux, ne garde que le souvenir du rejet mutuel avec le défunt, et sa passivité du début fait place à l’aigreur. Passé cet effet de paradoxe et la révélation de trois personnages plutôt instables (il faut inclure l’épouse du déshérité), Macaigne met en scène entre eux les transmissions de la douleur, orchestrant des montées de tension pour déchaîner à chaque fois une violence qui semble s’auto-entretenir jusqu’à extinction (plans qui durent, entrées et sorties du cadre). Le film ne recule pas devant le grotesque un peu démonstratif (l’épouse se tartinant la figure de rouge avant de vomir longuement son mépris), mais réussit au forceps à faire substituer un tableau désolé d’illusions ruinées et de vies à refaire.
La France qui se lève tôt, d’Hugo Chesnard
Prix du public
Même sous le surprenant format d’une comédie musicale, voilà un film qui ne sait faire autrement, avec son sujet (les expulsions de sans-papiers) dans l’air du temps et propice à la bonne conscience à peu de frais, que l’articuler avec les plus bas raccourcis de propos et de représentation. À ce titre, la scène de face-à-face dans le charter est impayable : à ma gauche, pour défendre les expulsés, on exhibe un beau panel de jeunes femmes ; à ma droite, pour représenter la « vieille France » intolérante, on rassemble, eh bien, des vieux. Tant que le débat en sera à ce niveau artistique, nos ministres de l’Intérieur auront de quoi rigoler.
The Monster of Nix, de Rosto
Prix de la meilleure musique originale : Rosto
Marchant dans les pas du musical à la Tim Burton, s’offrant les voix de Terry Gilliam et Tom Waits, ce film d’animation, étrange addition à la sélection française (entièrement conçu par un studio néerlandais et dialogué en anglais), s’avère trop ambitieux pour son propre bien, en tentant le « méta-conte » (une histoire à propos des histoires) sans assumer cette dimension plus avant qu’en en faisant une jolie métaphore ovoïde. Le récit peine dès lors à trouver sa substance ; le tout est une machine esthétiquement somptueuse, mais désincarnée, écrasée par ses grandes phrases chantées et ses références.
Petite pute, de Claudine Natkin
Prix d’interprétation féminine : Laurie Lévêque
Pour se prouver maîtresse de son corps, une adolescente tente l’expérience de la prostitution. Écrite comme ça, l’intention est déjà casse-gueule, mais le vrai problème de Petite pute, c’est d’en rester à ce stade-là : une conjonction d’intentions qui s’efforcent de coller ensemble. En voyant comment Claudine Natkin tord la scène de « passe » pour en faire tantôt une scène d’initiation (le client, pas salaud, apprend à la jeune fille comment se tenir), tantôt une scène d’amour déçue (le même client, pourtant visiblement coutumier des passes, espère la faire jouir), on ne sait trop si la réalisatrice exploite la prostitution volontaire comme prétexte pour raconter une émancipation, ou brandit l’excuse de la maîtrise du corps pour se payer une scène de prostitution qui se soustrairait au soupçon de voyeurisme. Ce qui est certain, c’est que l’ensemble est terriblement artificiel.
In Loving Memory, de Jacky Goldberg
Le point de vue est original : celui d’un souvenir qui ne devrait plus exister, mais qui revient pour se venger. Partant d’un postulat de science-fiction (la possibilité de remplacer un pan de mémoire par un simulacre), Jacky Goldberg donne chair à la lutte pour la survie d’un souvenir refoulé. Pour un tel sujet, on le devine, le figuratif ne s’imposait pas vraiment. Goldberg le limite à une apparition massive et fantasmagorique, peut-être un assemblage de ses propres réminiscences de cinéphile (que ceux qui ont vu ces yeux rouges et n’ont pas pensé à Oncle Boonmee de Weerasethakul lèvent le doigt…) ; mais le personnage tient essentiellement à une voix off dont chaque mot scande « je suis vivant », tandis qu’en guise de lutte de mémoire contre mémoire, les images en Super-8 s’écrasent et se balaient mutuellement (effets de flou pixelisé évoquant les artefacts de fichiers vidéo). Le travail conscient et jamais mécanique de la matière image rend prégnante l’originalité du propos.
Mon amoureux, de Daniel Metge
Si les rues de Clermont-Ferrand sont à cette heure tapissées de neige, l’Enfer, lui, reste pavé de bonnes intentions. Daniel Metge prétend faire sortir les handicapés mentaux des clichés les concernant, en racontant les efforts de deux d’entre eux pour coucher ensemble, au mépris des règles de leur pensionnat, avec la complicité bienveillante de la sœur de la femme. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Tout à son œuvre de bonne conscience, Metge ne peut pas s’empêcher de mettre en place des scènes ne pouvant fonctionner, vis-à-vis du public, qu’en provoquant chez lui les réactions les plus primaires et discriminatoires : rire aux dépens des handicapés, ou frémir devant la violence de leurs réactions. Le résultat est conforme au tout-venant de la représentation de ce type de handicap : affreux de complaisance et de condescendance envers ses personnages.
Sous la lame de l’épée, d’Hélier Cisterne
Tentons une réduction accrocheuse : soit Ghost Dog de Jarmusch, en plus court évidemment, mais surtout en moins poseur, infusant mieux ses références japonisantes. Sous la lame de l’épée est un joli essai de réinvention d’un contemporain terre-à-terre en théâtre de récit légendaire, ou du moins de son amorce. Son héros, un jeune garçon, a adopté dans sa vie une attitude proche du ninja : tagueur cagoulé la nuit dans les tunnels de métro dont les ombres sont son refuge, il se camoufle le jour en lycéen sans histoires, mais ruse pour se retrouver seul avec la camarade rebelle qu’il désire silencieusement. À l’image de ce personnage, Hélier Cisterne œuvre avec une discrète limpidité pour partager sa fascination pour cette figure d’élégante austérité. Et quand finalement il l’amène à se dévoiler – toujours en silence – avant de le renvoyer à son berceau d’ombres, la silhouette a désormais son mythe, et de la place pour d’hypothétiques récits futurs.
Compétition internationale
Voilà certainement la sélection la plus propice à la diversité. Et sur ce point, le palmarès n’a pas déçu, à défaut de distinguer les meilleurs.
Guest (L’Invitée), de Yoon Ga-eun
Grand Prix
Une jeune fille débarque en vociférant chez la maîtresse de son père, avec l’intention d’en découdre, mais ne trouve là que les deux enfants de cette dernière qui se demandent bien d’où sort cette furie. S’ensuivent entre les trois des échanges faits de mépris, d’humiliation, puis d’apprivoisement (le frère et la sœur ne s’épargnent pas entre eux), tandis que l’intruse découvre que les choses ne sont pas aussi simples qu’elle le croyait, et qu’on se demande si ces zones d’ombre un peu faciles à soulever ne serviraient pas d’excuse à cette vieille tare d’un certain cinéma sud-coréen, une complaisance à exhiber et à jouir de la furie et du rabaissement de l’homme par l’homme. La conclusion rachète le film en le dirigeant vers une forme d’apaisement, mais n’explique guère ce qui a décidé le jury international à décerner son Grand Prix à un spécimen assez informe, pas très net sur le fond, qui laisse l’hystérie un peu forcée de ses personnages faire le travail à sa place (à comparer, par exemple, avec la mise en scène d’un Ce qu’il restera de nous, qui ne se contente pas d’exhiber la violence outrée de ses personnages, mais qui sait jouer de la forme pour en suggérer certains aspects).
Einspruch VI (Protestation VI), de Rolando Colla
Prix spécial du jury
La honte du palmarès, toutes compétitions confondues. Rolando Colla a découvert le pouvoir immersif de la caméra subjective, qu’il s’empresse d’appliquer sur tout un film à un sans-papiers, depuis le refus de renouvellement de son permis de séjour, jusqu’à son décès à l’aéroport d’où on comptait l’expulser. Dans l’intervalle (sans doute parce que l’immersion dans son calvaire n’aurait pas été complète autrement), on aura assisté « comme si on y était » à ses nuits d’amour avec une rencontre de hasard (effet porno amateur garanti), ainsi qu’à son humiliation quand on l’aide à uriner alors qu’il est immobilisé (avec clignements d’yeux – caches noirs hypocritement pudiques – tandis qu’il fixe son pénis tenu entre le pouce et l’index d’une main policière). Immersion purement spectaculaire, évidemment, puisque ce personnage n’existe finalement (mais c’est un bien grand mot) que par l’exhibition de son pénis et une affreuse voix off moins imputable à un mauvais anglais qu’à une direction d’acteur inexistante, ne servant qu’à surlignant l’infamie de la situation pour ceux qui auraient du mal à suivre. L’horizon de cette petite expérience ne va pas plus loin que celui d’un Gaspar Noé misérabiliste : un sommet de connerie putassière et indéfendable.
Cette découverte coïncidant avec celle, cette semaine, du long métrage Jeux d’été du même Rolando Colla, on aura compris qu’on n’a pas exactement affaire à un « cinéaste à suivre ».
Keha Mälu (La Mémoire du corps), d’Ülo Pikkov
Prix de la jeunesse
Ce film d’animation estonien en image par image installe un étrange parallèle. D’une part, il met en évidence les mailles de la toile d’un tableau portant un unique trait noir et grossier, qui s’avère inspiré d’un train de marchandises. D’autre part, dans un fourgon à marchandises, des personnages faits de ficelles et de nœuds sont l’un après l’autre effilochés à travers les planches des parois et défaits. La métaphore qu’on devine, celle de l’art inspiré d’un sinistre pan de l’histoire, s’incarne moins aisément que ce que racontent ses deux versants séparément : d’un côté le dénuement de l’art face à l’horreur ; de l’autre la tragédie des vies qu’on évide une à une, qui luttent et s’accrochent, parfois aux dépens de leurs semblables, avant que le mal ne triomphe à la fin.
Retour à Mandima, de Robert-Jan Lacombe
Mention spéciale du jury des Médiathèques
Triste distinction en chocolat pour un documentaire autobiographique aussi sincère que lucide devant ses zones d’ombre. Le réalisateur franco-néerlandais est né et a grandi dans ce village du Congo qu’il a quitté à l’adolescence. Quinze ans après, il y revient pour retrouver la trace de ses amis d’enfance autochtones. Mesure de la durée d’une amitié ? Nostalgie d’une enfance perdue ? Œuvre de soulagement de la conscience (triste hasard : peu de temps après son départ, une guerre civile a éclaté dans la région) ? Ces questions se soulèvent naturellement tandis que Lacombe remonte les pistes, retrouve ses anciens amis avec plus ou moins d’effusion (le dernier, plus circonspect, le vouvoie), mesure le fossé qui les a séparés, endure leurs reproches à peine voilés. Même tenu de se justifier, Lacombe ne recule pas devant les ambiguïtés de son parcours, accepte même d’inverser les rapports de force avec ceux qu’il filme en se laissant filmer/traquer avec la caméra dans leurs mains. Travail d’exorcisme autant que de deuil, Retour à Mandima est un des plus touchants témoignages du tristement célèbre « rapport Nord-Sud » qu’on ait vus depuis un moment.
Graffitiger, de Libor Pixa
Voici, à sa façon, un film d’animation en 3D. Sur les façades de Prague en prises de vue réelles, un tigre peint s’anime et part à la poursuite de son âme sœur. Dans sa course effrénée d’une surface plane à l’autre, il croisera une tête de Che Guevara acariâtre, un tank trop zélé et bien sûr des peintres en bâtiment empêcheurs de s’animer en rond… La technique d’animation sur perspectives photographiques n’est pas seulement jolie, elle permet à Libor Pixa de donner une nouvelle incarnation à ses dessins en ouvrant le champ de leurs possibilités. La course-poursuite des dessins, d’un mur à l’autre, mais aussi adoptant à l’occasion les plans horizontaux, prend l’apparence d’une lutte d’êtres en deux dimensions pour accéder à la troisième, de surfaces pour conquérir l’espace (le tout à l’aide du mouvement, donc de la dimension temps : ça se complique).
Hello, de So Jun-beum
Ce film coréen pourrait être étiqueté comme anti-Guest : les sentiments y restent voilés derrière la cordialité, leurs explosions attendues ne viennent pas et sont remplacées par d’autres attentes. Né en Corée, mais adopté à l’âge d’un an en Allemagne où il a toujours vécu depuis, Lyman revient dans son village natal pour retrouver ses racines. Dans la maison de ses parents vit un vieil homme, Tae-jun, qui déclare ne pas le connaître, mais se propose de l’aider. Cependant, son aide, son hébergement, ses enseignements sur la culture coréenne, l’amitié qui se nouera entre les deux hommes s’avèrent une distraction sur la route de Lyman, Tae-jun détenant lui-même ses mystères, et jusqu’au bout on ne saura exactement si ce dernier n’a pas un lien secret avec l’expatrié. Sans couper court à l’attente de la fin du voyage initié au début, le film semble en retarder à loisir la progression, pas loin de la rendre secondaire, en distillant questions et anticipations autour du personnage de Tae-jun et de sa relation à Lyman. Rien ne sera tout à fait résolu à la fin, ce qui ferme un film se nourrissant de l’incertitude et plus enclin à ouvrir des portes qu’à les fermer.
Compétition Labo
Dans cette compétition plus portée que les autres à l’expérience, plus soucieuse – en théorie – de la recherche formelle pour témoigner du monde (mais certains tendent hélas à se passer de ce dernier point), on a trouvé des films parmi les plus enthousiasmants du festival – et d’autres parmi les plus poseurs aussi. Les regrets de voir la plupart de ceux de la première catégorie ignorés par le jury n’en sont que plus amers.
On peut au passage s’étonner de la forte présence de films britanniques à ce palmarès. Cette compétition Labo offre à ce sujet un constat alarmant : les cinéastes britanniques se piquant d’expérimentation peuvent se montrer vraiment pénibles de suffisance. Entre films « à principe visuel » sans autre lendemain qu’un coup de bluff (God View de Billy Lumby, ou comment fantasmer sa toute-puissance en filmant la dérive d’un forcené en plongée verticale ; Sunday de Duane Hopkins, et sa démonstration d’effets de symétrie et de trucage), et étalages de saleté organique pour impressionner la galerie (Bobby Yeah et Belly, évoqués ci-après), de tels spécimens offrent un tableau assez inquiétant des tentatives de créativité outre-Manche.
Il Capo (Le Chef), de Yuri Ancarani
Grand Prix
Dans une carrière de marbre italienne, sous un soleil de plomb, un chef de chantier commande aux machines sans un mot, par les seuls signes de ses bras. Homme, machine, nature. Les plans composés et légèrement ralentis du film d’Ancarini réunissent ces trois « acteurs », mettant l’accent sur les relations qui se tissent entre eux : action et réaction; mouvement du mécanique calqué sur celui de l’organique ; lutte, soumission, coopération. Un ultime plan aérien suggère que ce pilote tout-puissant aspirerait à être ailleurs, là où la nature n’a pas été écorchée et où l’ombre existe encore. En somme, Il Capo synthétise le propos cybernétique et écologique le plus intéressant d’Avatar de Cameron, les effets 3D et le simplisme du scénario en moins. Mais toute référence mise à part, le ballet qu’il orchestre, avec tout ce qu’il sous-tend, est simplement fascinant.
Bobby Yeah, de Robert Morgan
Prix spécial du jury
+ Belly (Ventre), de Julia Pott
Prix Canal+
Ces deux films d’animation illustrent, à des degrés différents, le versant « se faire remarquer en mettant du crade plein la vue » des expérimentations britanniques en compétition. Faisant intervenir, paraît-il, de véritables ongles de pied dans sa conception, Bobby Yeah (ci-contre, en bas), sorte de parodie en version « Crados » des productions Aardman (les créateurs de Wallace & Gromit) dont il reprend la technique, commence comme un ersatz de film de gangsters anglais où les sévices d’une petite frappe font le spectacle, pour dériver vers une petite fable sur la tentation du mal (le gimmick du bouton à presser) et la rédemption, boursouflée par des visions et un finale dignes d’un Alien potache. Soit un bon gros délire de sale gosse pour des prétentions dérisoires. Belly (ci-contre, en haut), lui, se veut plus prégnant, plus ouvertement proche de la fable, récit d’apprentissage métaphorisant par des bêtes anthropomorphes et l’intervention d’un cachalot le deuil de l’enfance. Mais l’insistance sur les sévices organiques pour souligner la fusion et la séparation (ainsi, quand le héros descend de sa monture/meilleur ami fusionnel, il le coupe presque en deux) rend le film plus démonstratif qu’il n’en avait besoin, un peu m’as-tu-vu.
Killing the Chickens to Scare the Monkeys (Pour l’exemple), de Jens Assur
Mention spéciale du jury
Soit le remontage, dans l’ordre chronologique inverse, de scènes du processus menant une Chinoise sans histoires devant un peloton d’exécution pour des « actes de sédition » auxquels elle est totalement étrangère. La remontée du temps, depuis l’exécution jusqu’à la confirmation de l’innocence du personnage, ne présente pas d’intérêt véritable, pas plus qu’elle n’est capable de justifier son procédé par une meilleure mise en évidence de l’arbitraire qui a présidé au broyage de l’individu lambda. Elle se résume finalement à un prétexte pour mettre en avant la prouesse de la première/dernière scène (la plus longue, distinguée de toutes les autres par le carton « Part II », les suivantes étant la « Part I ») : un impeccable plan-séquence fixe sur le terrain vague où toute la procédure d’application de la peine de mort en Chine est fidèlement détaillée et distribuée avec soin dans le cadre et sur la profondeur de champ. Posture d’intransigeance et suffisance technique : tout ce qu’aime un festival, tout ce qui est détestable dans un cinéma qui prétend dénoncer.
Condenados (Condamnés), de Guillermo García Carsí
Prix du rire Fernand Raynaud
Parodie de reportage animalier en animation 3D, cette facétie espagnole n’imagine des organismes surréalistes (ci-contre, des « porcs-épics » dont les épines poussent vers l’intérieur !) que pour expérimenter de bonnes blagues aux dépens des théories de Darwin sur l’évolution et la sélection naturelle. Dans le genre « gros délire », c’est moins prétentieux que Bobby Yeah, et ça a le bon goût de se départir de l’esprit de sérieux attaché à une idée scientifique devenue depuis longtemps idée reçue.
663114, d’Isamu Hirabayashi
Jolie association d’idées formelles, que celle d’utiliser le défilement vertical d’un parchemin japonais et de sa texture, ainsi que les figures plus ou moins aléatoires d’encre qui le travaillent, pour figurer avec un découpage minimal l’odyssée ascensionnelle d’une vénérable cigale, sur laquelle s’abattront successivement un tremblement de terre, un tsunami et un accident nucléaire (toute ressemblance avec des faits réels et récents serait purement non fortuite). Une façon de signifier que malgré les pires catastrophes, le parchemin continuera de défiler et les histoires d’être racontées.
In Transit, de Heidi Cathrine Morstang
Rapport entre l’outil et le naturel : le propos de ce documentaire britanno-russe pourrait être une excroissance de celui d’Il Capo. Dans la forêt de Carélie, des chercheurs russes déterrent des restes humains datant de la Seconde Guerre mondiale et portant des uniformes SS. La fin nous apporte les informations manquantes sur l’histoire de ces corps, mais le film, en attendant, creuse une autre matière – si on ose dire. Gardant les chercheurs hors champ et leurs commentaires en voix off, la caméra d’In Transit se concentre sur l’aspect intrusif de ce travail scientifique dans un environnement naturel, capte le contact parfois violent des outils inorganiques (lames, gants, bâches en plastique) avec l’organique (sol, bois, ossements). La recherche, nous rappelle le film, est une forme de pillage qui ne laisse rien intact, qui doit détruire pour reconstituer la vérité.
Chase, d’Adriaan Lokman
L’action ramenée à une abstraction physique : des ondulations dans des nuages de particules. Chase est un pastiche d’aventure de James Bond, sans paroles et entièrement constitué de triangles équilatéraux. On ne distingue qu’avec un effort d’imagination ce que chaque assemblage de triangles modélise, mais le choix esthétique s’avère probant pour figurer les mouvements, que les particules ainsi déplacées décomposent en ondes de choc, n’en gardant que l’énergie cinétique. Certes, pour capter ces phénomènes, la réalisation ressemble moins à du cinéma qu’à une cinématique de jeu vidéo, et l’équivalent en prises de vue réelles serait sans doute difficilement regardable. Mais l’idée est là, son efficacité concrétisée et ne demandant sans doute qu’à être perfectionnée par un vrai œil de cinéaste.
Hoy Cuba
Hormis les trois compétitions, le programme « star » du festival était cette rétrospective consacrée aux courts métrages cubains des années 2000. Pour la plupart produits avec l’aide de l’École Internationale de Cinéma et de Télévision créée il y a vingt-cinq ans (l’un des cofondateurs était Gabriel García Márquez) et siégeant sur l’île, inégaux quant aux moyens disponibles (du 35mm à la vidéo grossière ; et puis, la coproduction à l’étranger, notamment en Suisse, aide beaucoup), les quarante-et-un films présentés témoignent d’une libéralisation certaine – même mesurée – de la production cinématographique du pays, que ce soit pour toucher au socio-politique sans langue de bois ou simplement pour se tourner vers des genres fort peu « révolutionnaires » au sens local.
Peu de noms sont récurrents dans cette sélection : on ne citera que celui d’Arturo Infante, dont n’est visible ici qu’une seule réalisation (Comité 666, parodie potache réjouissante d’un « comité de défense révolutionnaire » en secte sataniste !), mais qui en a écrit et/ou contribué à plusieurs autres. Plutôt que des auteurs, ce sont des tendances qui apparaissent.

Comité 666, réalisé par Arturo Infante
De façon prévisible, les thèmes politiques et sociaux pointent souvent le bout de leur nez de manière plus ou moins voilée, traitées soit avec gravité soit par la satire : signes de vieillissement de la « révolution » (les bâtiments décrépits datant de la dictature pré-Castro sont souvent des témoins implacables), immobilisme social, hésitation entre foi perpétuée dans le système et aspiration au changement, démantèlement progressif de l’agriculture, difficulté de l’émigration, règne de la débrouille. Pour les films non-fictionnels, la plupart des réalisateurs se rabattent sur le format du reportage, enchaînant les interventions et les plans d’illustration sur un fond musical adéquat, privilégiant au travail de l’image l’empressement de livrer leur message.
Et quand les films ne parlent ouvertement ni de politique ni de social, le cinéma court cubain semble privilégier, avec des approches variées, les questions sexuelles.
Comme pour les compétitions, ce qui suit est une sélection tout à fait subjective de films notables de ce programme (note : la présence majoritaire de réalisatrices dans la liste ci-dessous est purement fortuite).
El Mundo de Raúl, de Zoe Miranda et Jessica Rodríguez Sánchez
C’est le sujet (dont le prénom a été changé) qui fait le commentaire de ce documentaire : des aveux. Employé modèle et fils aimant, il révèle progressivement son noir secret tandis que la caméra l’accompagne respectueusement au travail, à la maison, sur les chemins : « Raúl » est un voyeur compulsif. Et d’étaler, sur le ton de l’excuse, sa propre frustration que l’idéal social en vigueur ne saurait contenir.
Que Me Pongan en la Lista et El Cuarto 101, de Pedro Luis Rodríguez González
Le premier est un documentaire au ton satirique sur les « comités de défense révolutionnaire », mais abusant d’effets de découpage clipesque qui n’auraient pas détonné sur MTV. Le second est une fiction pesante sur la torture et la manipulation, où la chute finale roublarde est un peu courte pour justifier le basculement de ce qui l’a précédée dans le torture-porn complaisant. Les deux films sont l’œuvre de Pedro Luis Rodríguez González, un réalisateur qui, de toute évidence, lorgne un peu trop vers les derniers effets d’esbroufe hollywoodiens.
El Grito, de Milena Almira
Le début annonce un film érotique ne s’embarrassant guère de justification. Dans un bar, un homme accoste une inconnue et, prenant l’air assuré du macho latino, lui raconte comment il la fera boire et quels sévices sexuels calqués sur les films porno il lui fera subir ensuite. Des scènes olé-olé s’ensuivent immanquablement pour illustrer ces anticipations, mais au dernier instant du film, la femme n’a besoin que de quelques mots et d’un geste pour donner à la soirée une nouvelle perspective : « Garçon ! L’addition, s’il vous plaît ! » Le fantasme masculin passe d’un coup sous la maîtrise de la femme, laissant ouverte l’incertitude sur l’issue de la rencontre. Soit le dévoiement astucieux d’un registre d’exploitation dont on perturbe la portée discriminatoire.
La Bestia, de Hilda Elena Vega
Pour le coup beaucoup moins fin que le précédent dans le registre du spectacle du sexe, « La Bête » n’existe que pour se repaître en gros plans baveux de divers sévices, voire de clichés ethniques bien douteux. Une mauvaise mère des quartiers pauvres recroise la route de son ancienne tortionnaire. Celle-ci, une Noire à la tête d’un culte maléfique, l’a livrée naguère aux outrages répétés de ses ouailles, et affectionne de mimer des accouplements avec un démon en usant sur elle-même d’un gros godemichet bien noueux. À la fin, son ancienne victime la décapite, juste avant d’être trucidée à son tour par sa propre fille, l’enfant se révélant bel et bien possédée. Un grand moment de n’importe quoi mystique qui ne fait rire que jaune.
Como Construir un Barco, de Susana Barriga
Pour endiguer l’émigration, le gouvernement cubain a interdit à tout particulier de construire son propre bateau. Ce documentaire respecte le secret de ses intervenants en ne les faisant pas parler à l’écran, affichant leurs déclarations par des intertitres comme dans un film muet, tandis qu’il détaille les difficultés de cet artisanat vu comme un acte de résistance, clandestin mais dont certains, même dans le système, tirent un bon profit.
¡ No Es Fácil, Mija !, d’Eva Ariño et Roger Caubet
Mêlant scènes du réel et création de fiction, ce film fait de la quête de divers articles pour une fête d’anniversaire une célébration à la chaleur jamais forcée du système D, fait de tractations, de troc, d’outils faits de bric et de broc, et d’espoir persistant dans le futur.
José Manuel, la Mula y el Televisor, d’Elsa Cornevín
On découvre ici une astucieuse entreprise de réappropriation de l’image télévisuelle par le peuple. José Manuel, le cueilleur de fruits préféré de la chaîne locale quand il s’agit d’évoquer son activité de façon conventionnelle, voit un jour son propre téléviseur tomber en panne. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il charge sa mule avec la carcasse de l’appareil, et va parcourir la région pour interroger lui-même ses confrères et ses voisins sur leurs problèmes divers, dans un simulacre d’émission où présentateur et sujet communiquent au travers du cadre privé d’écran. Complice, le cadre du film installe cette mise en abyme d’un spectacle audiovisuel plus direct que le direct, fait avec les moyens du bord, mais démocratisé hors de tout contrôle étatique.
Manifeste d’Oberhausen / Alexander Kluge
Le 28 février 1962, vingt-six jeunes réalisateurs allemands en butte à leur institution cinématographique (dont certains tenants avaient de plus été compromis avec le régime nazi) signifièrent leur propre « nouvelle vague » en signant ce manifeste pour une rupture avec de pesantes conventions de forme et de discours. Autant dire que le cinéma allemand actuel ne serait sans doute pas ce qu’il est si cette démarche pour le moins ambitieuse n’avait pas été faite. Paradoxalement, la plupart des films directement liés à ce mouvement, réalisés entre 1958 et 1967, n’ont jamais été répertoriés, si bien que ces origines sont rapidement tombées dans une forme d’abstraction privée de substance. La redécouverte, ces dernières années, d’une trentaine de ces films fondateurs – dont sept courts métrages étaient présentés cette année à Clermont-Ferrand, constituant le présent programme – va certainement aider à changer la donne, ne fût-ce que sur le plan encyclopédique.

Das magische Band (Le Ruban magique), réalisé par Ferdinand Khittl
Les films présentés s’emparent des formats audiovisuels – et pas seulement cinématographiques – traditionnels pour en changer la perspective, quand ils n’en minent pas les conventions de l’intérieur. Supposée commande pour la firme BASF et ses bandes magnétiques, Le Ruban magique de Ferdinand Khittl sort des clous du film institutionnel en se lançant dans un exposé multimédia sur ladite bande, sur le ton de l’analyse des modes de transport de l’information sonore, et en figurant les oscillations de cette information dans le visuel (graphismes, montage, textes). Dans un registre plus abstrait, celui de la pure expérience formelle, Ombres de Hansjürgen Pohland fait danser sur du jazz moderne les plans fixes de projections d’ombres sur les façades urbaines, tandis que dans Vitesse : cinéma 1 d’Edgar Reitz (le futur auteur des séries Heimat), de longs plans en montage accéléré sur les routes évoquent le rythme effréné des temps modernes.

Es muss ein Stück vom Hitler sein (Ce doit être un morceau de Hitler), réalisé par Walter Krüttner
La suite est plus incisive, plus prompte à mettre les pieds dans le plat. Ce doit être un morceau de Hitler de Walter Krüttner est un documentaire acide sur le dévoiement de la mémoire, en l’occurrence le marché touristique florissant autour des propriétés bavaroises du dictateur, du bunker au « nid d’aigle ». Dans le film d’animation Marionnettes de Boris von Borresholm, une marionnette de second rôle rompt ses fils et, à travers l’entrepôt où s’entassent ses congénères, se lance dans une dissertation lucide et ironique sur les principes de la démagogie, ne lésinant pas sur les parallèles historiques évidents (inclusion d’images d’archive). Max Ernst : l’exercice illégal de l’astronomie de Peter Schamoni, à la fois aperçu du travail de l’artiste surréaliste et mise en abyme de l’évocation, par la voix de ce dernier, de l’astronome E.W.L. Tempel qui avait « du génie, mais pas de diplôme ! », se révèle un double hommage à la rupture avec l’académisme. Enfin, Portrait d’un opportuniste d’Alexander Kluge laisse s’exprimer – et se trahir – un cas emblématique d’Allemand moyen renvoyant aux ambiguïtés d’un peuple face au pouvoir: un policier ayant servi avec le même zèle sous tous les régimes allemands depuis l’Empire jusqu’à la République fédérale, et qui ne comprend pas bien pourquoi on le met en retraite anticipée.

Porträt einer Bewährung (Portrait d’un opportuniste), réalisé par Alexander Kluge
Puisqu’on parle d’Alexander Kluge, acteur radical du manifeste d’Oberhausen et qui filme encore aujourd’hui, la seconde partie du programme présentait trois compilations de films ultra-courts (ou « films-minute ») qu’il a récemment réalisés, compilations effectuées respectivement pour la Galerie Nationale de Rotterdam, la Biennale de Venise et le centre Pompidou. La brièveté de chaque film travaille à ramener le format du court métrage à ses intentions originelles : la saisie d’un quasi-instantané du monde et des idées. Cependant, il faut bien admettre qu’assembler ainsi ces films aux directions très diverses ne rend pas forcément service à leur portée. C’est moins grave pour la compilation destinée à la Biennale, qui réunit des fragments d’essais de tournage où se profile dans l’ensemble une déconstruction de l’acte technique cinématographique. Dans les deux autres cas, en revanche, la juxtaposition d’une douzaine de fragments faisant feu de tout bois en termes de formats et d’idées (photogrammes presque fixes, slogans textuels en couleurs, manipulations d’extraits de films muets, animations, etc.) aboutit à un magma partant dans tous les sens où la vision et la compréhension se noient. Il y a pourtant de vraies pépites dans ces blocs boursouflés (tel qu’un Bottes sans homme terriblement évocateur dans sa simplicité), mais on aimerait pouvoir les conserver séparément, s’en imprégner sans l’encombrement de congénères explorant des voies si disparates.

13 Minutenfilme (Treize films-minute), réalisé par Alexander Kluge
Ushev/Lipsett
Les expériences de cinéma de montage du Canadien Arthur Lipsett (1936 – 1986) ont fait forte impression sur quelques réalisateurs, dont Stanley Kubrick et même George Lucas au moment de réaliser THX 1138. Ce programme présente trois films de cet artiste tourmenté, avec quelques autres réalisés par un autre Canadien revendiquant son influence, le bien vivant Theodore Ushev qui était par ailleurs membre du jury international de ce festival.
Les films de Lipsett présentés, Very Nice, Very Nice, 21-87 et A Trip Down Memory Lane, sont des cas exemplaires de film-collage, conçus à partir de fragments, voire de chutes d’autres films, images choisies pour le rapport au contemporain, montées sur un principe de rapidité, de désordre et de répétition, et dont la bande sonore retravaille le discours. Les trois, à des degrés divers, matérialisent l’aperçu d’un temps présent frénétique et impossible à rattraper, une vision de foules où l’individu se voit dépossédé de son individualité. Very Nice, Very Nice, superposant régulièrement son commentaire-titre optimiste au rythme implacable des images, y souligne le décalage parfois démentiel entre le discours auto-satisfait devenu norme et la réalité. A Trip Down Memory Lane, sur la base d’extraits d’actualités parfois étonnants, applique la même vision torturée et pessimiste à l’histoire.

Very Nice, Very Nice, réalisé par Arthur Lipsett
Quelques-uns des travaux de Theodore Ushev visibles ici, pour la plupart des films d’animation, affichent ouvertement l’influence de Lipsett, pour des résultats à la fois proches et étonnants. Drux Flux, qui fait se rencontrer visions d’industrie et figures géométriques, reprend à son compte le discours sur la soumission de l’homme à la machine. Plus abstrait, Tower Bahwer, magma de figures géométriques et de graphismes de propagande soviétique, évoque une collusion forcenée entre art et idéologie, quelque part entre les expériences d’Eisenstein et les visions fantasmagoriques de Metropolis. Troisième page après le soleil, enfin, se révèle une ode à la rugosité du travail artistique : le découpage y déstructure la matière d’un catalogue au rebut, sur la bande-son d’un concert pas si tranquille de Stevie Ray Vaughan à Toronto en 1983.

Tower Bahwer, réalisé par Theodore Ushev
D’autres travaux prennent plus de liberté avec les principes esthétiques de Lipsett, abandonnant la régularité géométrique des traits et des manipulations de cadre. L’Homme qui attendait met en images l’histoire mise en abyme dans Le Procès de Kafka. Rossignols en décembre, à l’image du paradoxe de son titre, métaphorise la mémoire collective en faisant surgir des évocations de guerres anciennes sur une musique de rock indépendant. Cependant, c’est avec cette liberté qu’Ushev finit par recroiser la route de son inspiration, à travers une commande : Les Journaux de Lipsett, évocation romancée de la vie de l’artiste imitant un journal intime (la voix off à la première personne est celle de Xavier Dolan), où graphismes torturés et collages fragmentaires et incertains travaillent la perte, la progression de la maladie mentale, enfin le suicide.

Les Journaux de Lipsett, réalisé par Theodore Ushev
Seul film d’Ushev présenté qui ne relève pas majoritairement de l’animation, Yannick Nézet-Séguin : sans entracte, entretien avec un chef d’orchestre entrecoupé d’extraits de son travail, se singularise par un travail graphique mettant l’accent sur la gestuelle du sujet, mains tenant la baguette ou répondant aux questions, éclaircies et isolées sur fond noir pour ramener l’homme à l’essence de son art, qu’elle soit calculée ou instinctive.