Six étudiants BFF (Best Friends Forever) partent au Mexique pour le Spring Break, rencontrent un type louche, partent jouer à « action ou vérité » avec lui dans une vieille église en ruine, puis reviennent, non conscients du danger qui les guette. Nouveau projet horrifique de la maison Blumhouse (Happy Birthdead, Unfriended, Get Out), Action ou Vérité s’adresse principalement à un public adolescent (ce que pointe ici la présence de la jeune star Lucy Hale). Ne jouant pas la carte de la frivolité creuse, comme lui permettait son idée de départ – mettre à mal les liens d’amitié éphémères et souvent superficiels de l’âge de la puberté –, le film opte au contraire pour un éloge de la camaraderie dans l’adversité, malgré l’égoïsme exacerbé de certains de ses personnages.
Un air de déjà-vu
Action ou Vérité s’encombre de personnages stéréotypés et affublés de poncifs caractériels – la jeune idéaliste dévouée et fidèle, l’amie instable au lourd secret traumatique refoulé, le sidekick au style entrepreneur dynamique, les petit(e)s ami(e)s respectifs, et l’ami homosexuel pas tout à fait out. Cet habillage sert principalement de ressort dramatique : le moindre détail dévoilé devient ainsi enjeu à dilemme, confirmant que l’identité des personnages n’existe que pour leur fonction au service des péripéties, au lieu d’être véritablement incarnée.
Voulant à tout prix faire peur, Action ou Vérité multiplie sans vergogne, et à la limite du risible ses jump scares, tout en exploitant à fond son principe visuel spécial : la torsion des visages à base de filtres « Snapchat » et calquée sur le sourire de Willem Defoe lors de séquences d’hallucination. À la rigueur, le programme narratif, bien que prévisible, aurait pu constituer un sympathique jeu de massacre si le scénario ne se sabordait pas en inventant une abracadabrante origine du mal, et en remodelant constamment les règles du jeu mises en place (le premier meurtre est malin, puisque apparaissant comme accidentel, tandis que les autres sont plus difficiles à justifier). Par sa recette associant mystique et phobie technologique – ainsi que la reprise d’ingrédients de quelques films à succès (on pense à Destination finale ou It Follows) – difficile de voir finalement autre chose qu’un fourre-tout aplati et impersonnel aux intentions racoleuses.